mercredi 18 juillet 2012

Bulgarie - le lendemain douloureux



Et toujours ce même regard de détresse, de choc, de tristesse. Le ventre se retourne pour ces gens, ces frères et sœurs qui sont partis en Bulgarie pour se reposer et se rafraichir de la chaleur et du stress moyen oriental, et qui ne reviendront pas ou reviendront blessés à jamais.
Comment décrire en quelques mots ce que chacun de nous ressent en ces moments là? De l'impuissance? De la douleur? Un choc, un abattement? Les heures passent et on veut comprendre: qui, quoi, pourquoi? Il n'y aura jamais de pourquoi assez fort pour expliquer un acte volontaire contre des enfants et des femmes enceintes.
Puis vient la volonté d'agir, de réagir. De se venger. On a envie de faire mal, peut être en se faisant mal. On ne sait plus si on sue à cause de la chaleur, des nerfs, ou de la douleur…
La radio joue son menu habituel de chansons tristes. Un menu musical toujours prêt pour ces occasions.
Le lendemain la douleur se fait plus précise, moins émotionnelle. On pense aux répercussions, on pense à l'avenir, on pense à ses enfants qui grandissent, seront-ils un jour en sécurité? 
Je l’espère 

Israël 2020 - rêve ou catastrophe?



Quelle sera l'image de l'Etat juif dans une dizaine d'années? La réponse à cette question est complexe et a de grandes probabilités d'être erronée. Nous savons déjà à quel point il est impossible de deviner et prévoir les évènements et développements géopolitiques, principalement au moyen orient. Qui par exemple aurait pu prévoir le printemps/hiver arabe il y a à peine un an?
Sans vouloir être devins, nous devons tout de même être responsables et essayer de visionner les différentes possibilités afin de préparer et influencer ce futur aujourd'hui et maintenant.
Pour le but de l'exercice je présenterai donc deux possibilités de situation en 2020 pour Israël. Ces situations seront poussées volontairement à l'extrême et ce pour accentuer les différentes problématiques. En général la vérité se situe quelque part au milieu et à nous de décider comment essayer de l' influencer au maximum.


Israël 2020 – Version numéro 1
L'Iran a la bombe. Elle ne l'utilise pas, craignant une réaction Israélienne du style MAD (Mutual Assured Destruction) mais son "parapluie nucléaire" s'étend sur toute la région. Le Hizballah qui a pris le pouvoir au Liban et qui entretient de très bonnes relations avec la Syrie islamiste se permet de garder un niveau de tension élevé envers Israël et multiplie les attaques à la frontière nord. Israël riposte à basse intensité de peur d'une détérioration avec Téhéran. Téhéran est elle-même sous pression Egyptienne; Le Caire vient de dévoiler au monde sa toute nouvelle puissance nucléaire. L'armée israélienne a changé. C’est une armée presque professionnelle, bien qu'encore importante, seulement 50 % de la population y sert et reçoit un salaire réel. La population juive orthodoxe ainsi que de plus en plus de séculaires ne veulent plus y risquer leur vie.
Israël est au ban des nations plus que jamais. La situation sans issue avec les palestiniens et le monde arabe, ainsi que la politique d'isolation que mènent les Etats Unis en font une cible confortable à l'ONU. Les condamnations se succèdent, le boycott se renforce. Les juifs du monde ont de plus en plus de mal à soutenir leur patrie qui se dessine plus chaque jour comme un acteur fou sur la scène internationale. L'alyah a encore baissé, la situation démographique est au plus mal. Bientôt la majorité juive en Israël ne sera qu'un lointain souvenir.


Israël 2020 – Version numéro 2
Le développement économique d'Israël est sans équivalence aucune. Ce qui avait débuté il y a 10 ans comme une seconde Silicon Valley est devenue un Eldorado économique. L'afflux intellectuel des diasporas juives française et américaine arrivées par dizaines de milliers ces dernières années ont amené un dynamisme et de nouvelles façons de penser qui manquaient encore aux israéliens pour faire une bon immense. C'est désormais réalisé. L'entrée en masse sur le marché du travail des religieux orthodoxes a fait baisser d'une façon impressionnante les taux de la pauvreté en Israël. Ceci ajouté aux gains de L'Etat dues aux gisements de Gaz naturel et de pétrole récemment exploités ont créé une situation de richesse sans précédents. C'est désormais Israël qui donne au monde juif et qui permet à des milliers de jeunes de venir connaitre et aimer Israël.
La situation autour du pays  est complexe mais Israël est respectée et crainte. La fin du programme nucléaire iranien de façon si spectaculaire a calmé les ardeurs au moyen orient et Tsahal, désormais renforcé par des milliers de soldat religieux, a gagné en qualité et en spiritualité. L'armée israélienne n'a jamais été aussi juive et cela a une valeur immense aux yeux de nos ennemis. La situation d'Israël en tant qu'exportateur de gaz et de pétrole a influencé sa stabilité internationale désormais quasi inébranlable. C'est aujourd'hui du monde entier qu'on vient apprendre dans ses universités comment combattre le désert et vaincre tous les challenges dans le domaine du high tech. C'est d'ailleurs à Apple Israël que vient d'être développé l'iPhone 9 qui permet entre autre de piloter sa voiture à distance…

Comme je l'ai dit la vérité est au milieu, mais rien de ce que j'ai écrit dans les deux versions n'est impossible. Chacun a un rôle à jouer, un domaine à influencer pour qu'Israël 2020 soit la meilleur des versions inventés et que le bug principal encore à réparer, ne reste que les 35 degrés à l'ombre du mois de juillet.


mardi 10 juillet 2012

Le Gardien de la Muraille




En chemin vers mon unité militaire pour une autre journée d'entrainements dans le cadre du service de réserve (milouyim), ma voiture glisse sur l'asphalte brulant et le soleil est aveuglant. Le vent chaud souffle à travers les fenêtres ouvertes et crée ce battement  de cils semi-agréable semi-gênant. Les poils de mon bras, que je laisse se balancer en dehors de la voiture,  sont redressés à contre vent et j'aime cette sensation de hérissement. A ma droite je laisse filer le quartier d'Abou-Tor derrière moi,  puis à toute vitesse apparait la cinémathèque, complètement rénovée.
Jérusalem s'étends devant moi dans toute sa splendeur. Les couleurs sont fortes,  l'air est sec, les yeux des passants sont rudes, beaux. Chaque pierre sur mon chemin semble être installée depuis des millénaires et semble devoir y rester éternellement. Cela me donne l'impression de n'être qu'un invité temporaire de cette beauté. Comme une histoire d'amour un peu interdite dont il faut profiter tant que nos yeux peuvent encore voir, avec ce brin de tristesse inévitable, car au fond de nous, on sait que contrairement à elle, nous ne sommes pas là pour toujours.
La radio de la voiture est bloquée sur la station militaire de Galei Tsahal, pour rentrer un peu dans l'ambiance qui m'attend…  Généralement l'esprit de cette radio est plutôt "Tel Aviv-super cool-in-branchée". Aujourd'hui non, il y a un programme spécial sur Jérusalem et tout d'un coup on y diffuse cette chanson là:


Les paroles:
Je suis debout sur la muraille
Debout, seul sous la pluie et la vieille ville entière
Repose sur ma main et je la regarde amoureux,
Je monte souvent ici juste pour regarder
Mais maintenant je suis ici en service
Mais maintenant je suis ici en service
Refrain
Oui, oui, qui alors rêvait  en classe
Quand on apprenait par cœur le verset «Sur tes murailles O Jerusale…
J’ai placé des gardes”
Qu’un jour viendrait et je serai l’un deux.
Qu’un jour viendrait et je serai l’un deux.
Qu’un jour viendrait et je serai l’un deux.
Je suis debout sur la muraille
Je suis debout et j’entends les voix
Les bruits du souk et son ambiance
Les cris des vendeurs et leurs chariots
Et voici le son du minaret
Voici le battement des cloches mais mon devoir est d’écouter
S’il n’y a pas d’explosion de grenade
S’il n’y a pas d’explosion de grenade
Refrain
Oui, oui, qui alors rêvait  en classe
Quand on apprenait par cœur le verset «Sur tes murailles O Jerusalem…
J’ai placé des gardes”
Qu’un jour viendrait et je serai l’un deux.
Qu’un jour viendrait et je serai l’un deux.
Qu’un jour viendrait et je serai l’un deux.
Je suis debout sur la muraille
Je tremble de froid, regarde et vois la lune se coucher
Je suis le garde d’une nuit, une nuit de pleine lune
Qui illumine les murailles et ses portes, quand viendra le jour ?
Ou l’on n’aura plus besoin de gardes.
Ou l’on n’aura plus besoin de gardes

C'est difficile d'exprimer ce que cette chanson réveille en moi à ce moment précis. Un mélange de tristesse pour quelque chose que je n'ai pas vécu moi-même; en même temps une joie immense de faire partie de ce peuple, mais aussi une sorte de mal de ventre car c'est une sensation d'amour romantique, celui qui n'est pas vraiment consommable, quelque chose qui restera pour toujours à quelques centimètres de portée; sans jamais pouvoir le rejoindre, l'enlacer et le garder pour toujours. Au moment ou mes yeux sont posés sur la muraille de la vieille ville de Jérusalem, cette chanson vient me rappeler pourquoi je suis ici, vers ou je vais, et surtout pourquoi mon cœur est en train de chavirer.

Le son un peu ancien du studio ou la chanson a été enregistrée me plonge dans les débuts d'Israël, dans sa période la plus naïve. Cette période ou les questionnements étaient moins nombreux et le cynisme ressemblait  plus à de l'ironie qu'à quelque chose qui vous mange de l'intérieur. Les jeunes soldats qui chantent cette chanson ne sont pas religieux, probablement pas leurs parents non plus mais leur lien avec Jérusalem est naturel, beau et pur, avec ce sentiment de devenir tout d'un coup important pour son pays. Le chanteur se demande comment lui  qui était un simple élève en classe se retrouve sur cette muraille à surveiller et à garder ses frères? Cette sensation exacte je l'ai ressenti des dizaines de fois quand au milieu d'une mission complexe, entouré de mes soldats, tous sabras, je me souvenais de moi-même enfant dans une classe de lycée parisien…
 Qui alors rêvait, surement pas moi,  qu'un jour, aujourd'hui,  je serais aussi un des gardes de la muraille? 

jeudi 5 juillet 2012

Vague antisémite: Comment doivent réagir les juifs de France

                                                            (La photo est une illustration) 


Avertissement numéro 1: Avant toute chose, il ne s'agit pas d'un billet sur l'alyah. Il s'agit d'une réflexion et d'une invitation à la réflexion. Il est vrai que l'Etat moderne d’Israël a été crée en grande partie comme solution aux maux des juifs du monde à travers les siècles. C'est bien parce qu' Hertzl avait assisté au procès Dreyfus qu'il était arrivé à la conclusion de la nécessité d'un état juif qui servirait de maison et protection pour les juifs du monde. Tout cela étant sur la table, je continuerai donc avec la présomption selon laquelle dans les 20 prochaines années (au moins) il restera des juifs en France, qui seront une communauté vivante et donc, pour le bien de ce billet et de la réflexion à laquelle il invite, mettons un instant l'alyah de coté.


Avertissement numéro 2: Oui je vis en Israël et oui je me permet de donner mon avis sur une situation française. Non je ne connais pas tous les tenants et les aboutissants, mais qui les connait tous? Non je ne viens pas donner de leçon mais bien essayer de réfléchir avec vous, ensemble, afin de tenter de résoudre ce problème désastreux qu'est la renaissance de l’antisémitisme en France.

Réflexion:

Partons d'une base de réflexion selon laquelle tout problème a une solution.
Le problème: une recrudescence énorme d'actes antisémites dans toute la France et ce depuis près de 10 ans. Ces derniers mois, ces actes semblent s’intensifier et devenir de plus en plus violents. Nous sommes depuis le drame d'Ozar Hatorah au coeur d'un nouveau pic.
La stratégie: Il en existe une actuelle. Ceux qui la mènent sont les grandes organisations communautaires comme le Crif ou bien le consistoire (qui travaillent sur le sujet face aux politiques français), ainsi que des organismes tel la LICRA qui se battent surtout sur le terrain judiciaire.
Résultats de la stratégie: il y a beaucoup d'efforts et nombre de réussites dans tous les domaines mais les résultats doivent n’être jugés que sur le terrain. Et aujourd'hui le terrain hurle de douleur. La stratégie n'est donc pas efficace. Il faut la changer absolument et immédiatement sous peine d’aggravation de la situation déjà détériorée.

Que faire?
Il faut tout d'abord sortir des réponses "bateaux" selon lesquelles notre sécurité et notre avenir reposent dans les mains de la République et des forces de Police. Dans toute démocratie celui qui ne sait pas faire entendre sa voix se fait écraser par les autres. Les juifs se doivent de comprendre comment est géré un pays: il est géré selon une "chaîne", chaque problème ayant une valeur changeante comme à la bourse. Les dirigeants français vont donc dormir et se réveillent en pensant aux problèmes qui ont la valeur la plus ajoutée.

La stratégie doit donc viser à rendre le problème de l’antisémitisme un problème grave à valeur ajoutée élevée et donc à risque grave s'il n'est pas traité comme il se doit.

Les juifs de France se doivent de sortir de l'esprit de minorité et se sentir chez eux. C'est a dire qu'ils doivent arrêter de penser qu'un plus fort, ou plus important qu'eux doit résoudre leurs problèmes à leur place. S'ils sont effectivement français à part entière, ils se doivent de se faire respecter en tant que tels et ne pas avoir honte du combat qu'ils se doivent de mener pour leur propre survie. S'il faut retourner des tables et descendre dans la rue, alors faisons le!

Je propose donc aux juifs de se réunir, le mieux serait par le biais des organisations communautaires, et de mener une grande - et rapide - réflexion sur la situation. Il faut des décisions et un plan d'action clairs. Il faut agir à tout prix. Tous juif voulant participer se doit d’être invité à ces "tables contre l'antisémitisme"

En brefs, mes conseils (qui devront être développés) pour faire changer la situation:

  • Il faut monter une campagne nationale et agressive (pubs metro, pubs tele, films viraux sur internet etc) qui alarmeront sur la situation. Il faut créer une situation de crise qui Doit etre géré au plus vite
  • Il faut faire parler les juifs célèbres. Casser les tabous et les non-dits. Gad Elmaleh doit parler dans une pub et dire qu'il a peur pour ses frères juifs. 
  • Il faut manifester. Pas une fois, mais toutes les semaines, tous les jours, il faut ouvrir des tentes de manifestations (légales) devant les ministeres et les préfectures. 
  • Il faut participer à la vie électorale, aux associations de parents d’élèves etc. On ne peut pas se plaindre de la cité si on y participe pas. 
  • Il faut arrêter de se cacher, il faut parler du problème avec ses amis goys, il faut connaitre les chiffres, il faut les écrire, il faut reagir sur internet, il faut encombrer les tribunaux de plaintes antisémites. 
  • Il faut être fort et fier, il faut former les jeunes dans les écoles à se defendre, à se battre, à reagir. Ils ont le droit de se défendre, ils en ont le devoir.  

Ce ne sont que des débuts d’idées, certaines sont déjà utilisées sur le terrain, pas toujours efficacement et pas toujours suffisamment. Mais il faut les débattre, pour les enrichir, en rajouter et enfin pour vaincre.

Comme je l'ai dis au début, il n'existe pas de problèmes sans solutions, à vous de jouer, à nous de vous aider.




mardi 26 juin 2012

L'agonie de la communauté juive Française



Commençons par la fin: La communauté juive française est en train de mourir. 


Cette vision de la réalité n'a rien de plaisante, elle ne me réjouie pas. Quand je suis retourné en France il y a un peu plus de trois ans pour ma mission à l'agence juive, j'ai eu un choc. C’était le choc de quelqu'un qui n'a pas vu une amie d'enfance (dont il était un petit peu amoureux en secret) et qui la retrouve vieillie, affaiblie, alourdie.
Ayant dit quelque chose de terrible dès début de ce billet je me dois de l'expliquer et pour cela il me faut parler au delà des sentiments. 
La communauté juive française n'est pas une communauté mais bien plusieurs communautés qui se sont succédées l'une à l'autre à travers les temps. Chacune d'elle a eu son heure de gloire, chacune d'elle a eu sa fin (plus ou moins tragique) sauf la dernière - par la force des choses- qui est encore présente. 


Les différentes vagues d'immigration juive vers la France ont donc entretenu cette sensation de continu, mais c'est une sensation fausse. En juste 150 ans, aux juifs russes et allemands ont succédés les polonais puis plus récemment les juifs d'Afrique du nord. Pourquoi ces successions et disparitions? Simple explication: l'assimilation. La machine républicaine marche à merveille (pour les juifs) et elle a engouffré des générations entières. Mariages mixtes, changements de noms, laïcité, ce ne sont qu'une partie des évènements et valeurs qui ont effacés (ou presque car il en reste des souvenirs minoritaires) des générations entières de juifs français. 
Vrai, l’arrivée des juifs d'Afrique du nord a relancé la donne. D'un coup; des milliers de juifs traditionalistes se sont retrouvés en France, les synagogues se sont réouvertes, les restaurants cachers ont fleuri. Qu'en aurait été il de la communauté juive française au lendemain de la guerre sans l’arrivée des juifs d'Afrique du nord? 
Mais le fait est que l’échéance n'a fait qu’être repoussée. Entre temps des choses importantes se sont passées sur le terrain:
1. L'assimilation a continué son travail silencieux et frappé dans toutes les familles juives de France. 
2. Il n'y a plus de réservoirs de juifs qui pourraient éventuellement émigrer en France
3. La création de l'Etat d’Israël a eu lieu en 1948. 
Lors de mes discussions avec les chefs des différentes communautés juives françaises les chiffres entendus ont rendu mes conclusions plus que claires: à Marseille, en 15 ans baisse de 50 % du nombre de mariages juifs, à Toulouse, 50% de juifs en moins inscrits en 15 ans pour des naissances, pas un mariage juif en un an à Metz etc etc. Ne parlons pas des synagogues qui se ferment chaque année ou qui ne sont plus que des monuments vides à l'architecture magnifique. 
Les chefs de la communauté parlent eux même au niveau national de 150,000 à 180,000 juifs qui seraient présents lors de la neila de kippour (dans toute la France!) ou sont les autres? Il sont en train ou sont déjà dilués. Même si on reste optimiste et ne parlons "que" de 50% d'assimilation, ou cela nous mène t il dans 20 ans? 
Comme je l'ai écrit auparavant, il n'y aura plus d'immigration juive pour revivifier cette communauté, ce qui y sont encore actifs aujourd'hui sont des miraculés, les autres sont passifs, et le reste disparu. 


Seulement quand les juifs de France pourront voire cette vérité et regarder leur agonie communautaire en face et sans peur, pourront ils prendre les décisions qui s'imposent quant au futur de leurs enfants. 


(a suivre, le lien des juifs de France avec Israel...) 

mercredi 20 juin 2012

Israël 1973 - France 2012: des oeillères qui aveuglent



Une des premières leçons que j'ai apprise lorsque j'ai intégré le corps des renseignements de Tsahal faisait référence à la guerre de Kippour. Cette même leçon m’a été re-enseignée nombre de fois plus tard, lors de différentes formations et plus particulièrement lors du cours d'officiers. Cette leçon porte sur la "conception" des services de renseignements à la veille de la guerre de Kippour. Convaincu d'un effet dissuasif inaltérable du à la victoire de 1967, Tsahal avait mis en place une "conception", une base de travail sur laquelle reposait la conviction selon laquelle les armées arabes n'ouvriraient pas de nouvelles hostilités en 1973. Passons les détails.
La partie importante de la leçon est qu'il était important que nous comprenions la force de la "conception" et sa capacité a déformer la réalité la plus simple. Pendant les semaines et jours qui ont précédé l'attaque commune des armées arabes en octobre 1973, énormément d'indices se sont accumulés, indices qui, sans aucun doute, auraient du allumer une alarme dans la tête de la plupart des officiers de Tsahal. Mais ces indices ont été mal lus et mal interprétés. Ils ont été lus à travers le prisme de la conception, et peu importe si les faits étaient aussi clairs que de l'eau de roche, ils n'avaient pas la force de changer un état d'esprit qui s’était installé et avait pris racines, une croyance quasi divine en une certaine hypothèse. 
Tout cela pour établir un parallèle  avec ce qui se passe en France ces derniers temps pour la communauté juive. En regardant la situation depuis Israël, j'ai l'impression de me revoir dans un "ancien film". Comme si tous les indicateurs étaient au rouge mais qu'un brouillard conceptuel empêchait la majeure partie des gens de lire clairement les lettres inscrites en rouge sur le mur. Actes antisémites à répétition, aggravation de leur violence, délégitimisation du peuple juif au travers d’Israël, désacralisation de la Shoah...tout y passe. Chaque reportage dans un journal sur Israël ou sur les juifs est commenté par des dizaines de personnes haineuses, chaque tweet pro-israélien ou dénonçant l’antisémitisme est attaqué par des hordes de jeunes aux cerveaux et aux coeurs remplis de haine. Tous les signes avant coureurs de quelque chose de gravement anormal sont la. 
Quel est le danger de la "conception"? C'est qu'elle n'aime pas être dérangée. Elle n'aime pas les signes qui la déstabilisent, alors elle les étouffe; car il est bien plus viable de vivre avec elle qu'avec eux. Israël en 1973 ne voulait pas d'une autre guerre et certainement pas reprendre le rôle de l'offenseur. Mais si elle l'avait fait, des milliers de vies de ses soldats auraient été sauvées. 
Que doivent faire les juifs de France? Comment doivent ils lire ces indices? Comment les déchiffrer? Je ne suis pas sur, mais je ressens clairement un réel malaise à se poser les questions qui font vraiment mal et a prendre les mesures imposées a ce "quelque chose" qui est en train de se produire et de prendre forme sous nos yeux.

lundi 15 août 2011

Tout mais pas l’indifférence... août 2011

Quand j'ai fait mon Alyah, je ne parlais pas hébreu. Quand je suis arrivé sur le campus de l'université de Jérusalem, le prix de mes études était déjà pris en charge par l'office des étudiants, un droit qui revient à tout jeune juif qui fait son Alyah. Cette année la, ont eu lieu de grandes manifestations étudiantes. On criait tous les jours, et moi avec, "qu'on ne bougera pas tant que le prix de l'année universitaire ne baissera pas de 50 %!". Et il a baissé (et remonté plus tard mais c'est une autre histoire). Nous avions eu de l'influence; Moi y compris. Les jeunes étudiants israéliens qui m'entendaient scander nos cris de protestation avec mon accent de débutant me demandaient souvent pourquoi moi entre tous, participait aux manifestations? Et moi je n'avais pas d'autres réponses qu'un violent mal de ventre sioniste et une envie dévorante de faire partie de l'histoire. Pas spectateur mais acteur, en direct, ici et maintenant. Et ainsi je répondais héroïquement et plein de pathos: "car mes enfants seront étudiants plus tard et je me bats aussi pour eux". J'avais 18 ans.
Aujourd'hui Israël est dans la rue. Pour les bonnes raisons il me semble. On peut être d'accord ou contre la protestation sociale qui a lieu en ce moment. Mais le pire selon moi, si on croit de près ou de loin à la légitimité de cette protestation, est d'y être indifférent. De se reposer sur le sable chaud et de laisser l'autre faire le travail. Laisser l'autre faire le travail est une habitude diasporique nauséabonde d'après moi, et elle n'a pas sa place en Israël. Le peuple israélien est un peuple d'action, un peuple qui fait, qui bouge, qui se trompe, qui crée des problèmes et se casse la tête à les résoudre.
Alors si toi aussi tu as ce mal de ventre qui t'empêche d'être inactif, d'être indifférent, si toi aussi tu as des fourmis dans les jambes quand tu t'assois trop longtemps sans brandir l'étendard de ton peuple (et il se brandit de multiples façons) alors rejoins nous. Nous avons besoin de toi, et surtout, tes enfants et leurs enfants ont besoin de toi. 

Oren Toledano
Directeur Alyah
Agence Juive pour Israel